République dominicaine, au-delà des plages de sable blanc

15 juin 2020
par Gabrielle Pratte

Ce qu’on voit sur les photos de la République dominicaine, ce sont de belles plages de sable blanc avec de l’eau bleu clair. Tout bien pesé, le paradis! C’est en se promenant en dehors des complexes hôteliers tout inclus qu’on réalise assez vite que tout n’est pas digne d’une photo de dépliant voyage.

Dans le barrio de Basima, loin des plages et des attraits touristiques, on peut sentir chaque jour l’effluve des feux de poubelles et même voir des gens jeter leurs déchets dans la rue. Par conséquent, les résidus domestiques représentent la forme principale de contamination de l’environnement au pays. Effectivement, on estime la production quotidienne de déchets solides par habitant entre 0,6 et 0,9 kilo, soit 7 000 tonnes par jour à l’échelle nationale. De ce nombre, la capitale, Santo Domingo, en produirait plus de la moitié.

Des sites d’enfouissements peu efficients

En République dominicaine, on dénombre quelque 365 sites d’enfouissements officiels et bon nombre de lieux de dépôt improvisés. Dans tous les cas, ces sites reçoivent à la fois des déchets non dangereux, tels que les déchets domestiques; et des déchets dangereux, comme les lampes fluorescentes, les batteries de véhicules et les appareils électriques. Il n’y a pas de système de classification des déchets : tous les types d’ordures y sont donc regroupés. D’ailleurs, le recyclage est limité. On n’y met pas les cartons et le plastique. En ce qui a trait aux canettes et aux bouteilles de vitre, un camion de poubelle passe les ramasser chaque semaine.

Pour ces raisons, la disposition des ordures est complexe et peu efficace. En effet, bien qu’il ne fasse pas utiliser les mêmes procédures pour traiter et de disposer de ces deux types d’ordures, en République dominicaine, tout est laissé à l’air libre dans les sites d’enfouissement et les déchets y sont bien souvent brûlés. Selon la First National Communication on Climate Change, le disposition de ces déchets serait responsable de l’émission de 58,02 et 110,79 Gg (giga grammes) de méthane nettes, et ce, chaque année.

La plupart des villes ne respectent pas les exigences relatives à la gestion des déchets. Alors, cela fait en sorte que les gens qui n’ont pas les moyens d’acheter le réceptacle pour disposer de leurs ordures ne peuvent bénéficier du service d’éboueur. Comme il n’y a pas d’horaire établi pour la collecte de déchets ni de garantie que le camion d’éboueur va passer, les gens mettent leurs ordures au bord du chemin et si le camion ne passe pas, ils y mettent le feu. 

Des initiatives en marche

En réponse à cette problématique, des actions ont été entreprises, dont le projet Dominicana Limpia, dans le cadre duquel un plan global de gestion des déchets solides a été établi. Ainsi, ce projet vise notamment une gestion adéquate des rebuts (de leur production jusqu’à l’élimination) tout en prenant en compte les aspects éducationnel, culturel, financier, institutionnel et juridique, de sorte que le système puisse perdurer. Cette initiative s’affaire à convertir les déchets ménagers en matériaux utiles, notamment en instaurant une culture de tri dans les maisons et les entreprises, qui favorise le recyclage.

Pour réduire la production de déchets inutiles, Dominicana Limpia organise des activités de sensibilisation auprès des citoyens pour les informer des répercussions qu’une mauvaise gestion des déchets peut avoir sur l’environnement et la santé. De plus, on s’assure que les déchets ne pouvant être réutilisés se retrouvent dans des sites de décharges conformes aux exigences. 

Ce n’est pas tout! Depuis 2003, le programme Red Giresol offre des ateliers de formation afin d’atteindre une gestion plus intégrée et durable des déchets solides et des autres déchets contaminants. L’objectif principal : sensibiliser la population à l’importance d’une saine gestion des déchets et transformer ces derniers en énergie renouvelable, en gaz ou en matière première. La création de décharges sanitaires régionales se veut la pierre angulaire du programme. Celles-ci remplaceront les décharges municipales à ciel ouvert.

VOLONTÉ DU POLITIQUe

Le Ministère de l’Environnement et des Ressources Naturelles abonde dans le même sens, en mettant sur pied des programmes permettant de tirer avantages du traitement des déchets. Par exemple, au site d’enfouissement Duchesse, on retrouve des initiatives de production de méthane et de biodiesel à partir de matières résiduelles. En 2017, le président Danilo Medina a annoncé un projet de transformation des ordures en source d’énergie. Celle-ci serait destinée à la centrale thermoélectrique de Punta Catalina. La construction de centrales au charbon permettra d’accroître la capacité de transformation des ordures en électricité d’environ 600 tonnes. En effet, il sera dorénavant possible de transformer quotidiennement quelque 2 600 tonnes d’ordures.

En collaboration avec le plan Dominicana Limpia, les déchets de toutes les municipalités du pays seront ainsi transportés jusqu’à ces centrales. Le président estime que l’utilisation de ces déchets remplacera près de 10% du charbon nécessaire à la production nationale d’électricité. La première phase du projet comprend 18 décharges; 25 municipalités et 62 districts municipaux. L’objectif est d’inclure les 157 municipalités et 234 districts municipaux d’ici 2020.

Gabrielle Pratte, stagiaire du Carrefour de solidarité internationale


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Références : 
Diccionario Enciclopédico Dominicano de Medio Ambiente. (2019). Contaminación. Repéré à https://www.diccionariomedioambiente.org/diccionariomedioambiente/es/cpo_contaminacion_bis.asp
Diccionario Enciclopédico Dominicano de Medio Ambiente. (2019). Desecho. Repéré à https://www.diccionariomedioambiente.org/diccionariomedioambiente/es/definicionver.asp?id=272
Dominicana Limpia. (2017). CINCO PUNTOS CLAVES DEL PLAN NACIONAL “DOMINICANA LIMPIA”. Repéré à https://www.dominicanalimpia.com.do/cinco-puntos-claves-del-plan-nacional-dominicana-limpia/
Dominicana Limpia. (2017). Qué est Dominicana Limpia. Repéré à https://www.dominicanalimpia.com.do/
Maufrais, S. (2017). Plan Dominicana Limpia : Les ordures source d’énergie pour les centrales thermoélectriques. République Dominicaine Live. Repéré à http://www.republique-dominicaine-live.com/republique-dominicaine/actualites/annee-2017/juillet-2017/plan-dominicana-limpia-ordures-source-energie-pour-centrales-thermoelectriques.html
Ministry of the Environment and Natural Resources (SEMARENA). (2009). NATIONAL IMPLEMENTATION PLAN OF THE STOCKHOLM CONVENTION IN THE DOMINICAN REPUBLIC. Repéré à http://chm.pops.int/?tabid=253
Reyes Navarro, J., Almonta Grullón, J., Corporán Reyes, J. et Liriano, L. (2018). Plan Estratégico para el Desarollo de Villa Altagracia : 2018-2028. République dominicaine : Distribuidora Gráfica Astana SRL.