Christina Mattie Driedger – Stage Haiti 2016

11 novembre 2016
par Christina Mattie Driedger

Mombin-Crochu – Monben Kwochi

Mombin-Crochu est un village situé dans le nord-est d’Haïti. Niché sur la frontière de la République dominicaine, c’est un paradis montagneux: des collines sans fin, des rues de poussières dorées, des manguiers, des papillons violets, un soleil chaud et tropical qui brûle pendant la journée et un spectacle d’éclairs qui allume le ciel presque chaque nuit. Un jour, on a demandé à notre partenaire de terrain d’où provenait le nom du village. Il nous a expliqué qu’il y a bien longtemps, à l’entrée du village à côté du cimetière, se tenait un arbre mombin tordu (ou croche). L’arbre n’est plus là, mais le village garde ce nom.

Le DJ – DJ a

En plus de ses fonctions professionnelles, notre partenaire était aussi DJ durant ses temps libres. On aimait bien niaiser avec lui, l’appelant souvent par son nom de scène, « Big Allen ». Après les journées de travail à la pépinière, Big Allen nous donnait des cours de créole dans notre petit salon. Parfois, à la place des cours, nous regardions un film ou bien faisions des soirées dansantes. La musique fait partie intégrante de la culture haïtienne et les voisins n’hésitaient pas à se joindre à nous. Pour avoir plus d’espace, les gens se mettaient dans la rue pour danser et jaser. Nous profitions de petites soirées sous les étoiles d’Haïti.

La pépinière – Pepinyè a

Chaque matin, on se rendait à la pépinière pour entretenir nos plantules de moringa. Sous un toit de feuilles de palmiers y poussaient également du café, des arbres de papaye, de fruits à pain et des organiers. À côté se trouvait un espace à aire ouverte réservé pour les rencontres des membres de la coopérative. Un jour, nous avons assisté à l’élection d’un nouveau président. Les candidats se présentaient un par un et ensuite le peuple pouvait faire son choix. Au lieu d’un nom sur un bulletin de vote, chaque candidat était représenté par une feuille d’arbre différente. Les gens sélectionnaient la feuille de leur candidat désiré et celui avec le plus de feuilles gagnait! Je ne m’intéresse pas trop à la politique, mais ces élections-là, je ne les oublierai jamais.

Au lieu d’un nom sur un bulletin de vote, chaque candidat était représenté par une feuille d’arbre différente.

Bonjour – Bonjou

A Mombin-Crochu, on dit bonjour à tout le monde; ou bien, « bonjou » le matin, « bonswè » l’après-midi et « bon nuit » le soir. J’ai beaucoup aimé cette coutume car je me sentais tout de suite plus proche de la communauté. Puisque le village était petit et que nous nous déplacions toujours à pied, nous disions bonjour de nombreuses fois par jour. Après un moment, ça devenait automatique. Un matin je montais la rue et n’étant pas encore complètement réveillée, j’ai ouvert ma bouche pour saluer quelqu’un sur le bord du chemin. Mais, juste avant que mon bonjour ne sorte, j’ai levé les yeux pour apercevoir, non pas un voisin amical, mais un animal! J’ai failli dire bonjour à une vache.

La montagne I – Mòn nan I

August 8th, 2016 – Today, I climbed the mountain and I remembered who I am, where I came from and where I am going. I often forget the strength that lies within and the hopes and dreams that lie ahead, waiting to be cherished. For a small moment today, I was reborn.

La montagne 2 – Mòn nan 2

Les gens vont à la montagne pour prier. La prière prend toutes les formes: la parole, la chanson, ou le cri. Il nous est arrivé plusieurs fois d’atteindre le sommet pour trouver des gens en train de prier. Curieux, nous les observions discrètement, regardant le village en bas et réfléchissant sur notre propre voyage. Seul, ou en la présence des autres, la montagne était une retraite paisible qui offrait à la fois la solitude et la protection contre les préoccupations de la vie d’en bas.

Les amis – Zanmi yo

Un des plus beaux souvenirs de mon stage est sans doute les amitiés liées avec les membres de mon groupe. Chaque stagiaire avait quelque chose de spécial à offrir et, ensemble, nous avons réussi notre mandat et notre voyage. Vivant dans un petit espace, la compréhension, le compromis, le respect et l’humour sont devenus les piliers de notre maison. Nous partagions tout: la nourriture, les vêtements, le maquillage, les stylos, les moments de joie et la maladie. Quand je suis tombée malade, mes amis étaient là pour prendre soin de moi. En fait, nous sommes devenus plus que des amis, nous sommes devenus une famille.

Quand je suis tombée malade, mes amis étaient là pour prendre soin de moi. En fait, nous sommes devenus plus que des amis, nous sommes devenus une famille.

Les enfants – Timoun yo

À Mombin, il y avait des enfants partout! Lorsque vous pensiez que vous êtiez seul pendant un moment, une petite tête apparaissait derrière un arbre, une petite main touchait votre épaule, une petite voix criait votre nom (ou le nom de quelqu’un dans votre groupe). Si petits et pourtant si intelligents, les enfants, qui sont devenus nos amis, sont aussi devenus nos guides et nos informateurs culturels. Ils ont appris de nous et nous d’eux. Leurs rires, leur curiosité, leur innocence et leur sagesse ont illuminé notre séjour et apporté un sens à ce qu’on faisait.

À Mombin, il y avait des enfants partout! Lorsque vous pensiez que vous êtiez seul pendant un moment, une petite tête apparaissait derrière un arbre…

Les femmes – Fanm yo

Les femmes du village travaillent très fort. Elles font la lessive à la main, cuisinent sur le charbon, travaillent au marché et s’occupent des enfants. Je pense qu’on peut parler de « super-femmes ». Certaines femmes étaient impliquées dans notre projet comme guides et traductrices pour nos activités de sensibilisation. Christiane nous a beaucoup aidé pendant ces activités. Souriante et énergique, elle nous menait chez les familles de son voisinage qui pouvaient profiter le plus de nos connaissances. Elle était aussi sage-femme et le jour avant que cette photo ait été prise, elle a aidé une jeune mère à accoucher chez elle. Christiane nous a dit avec grande fierté que le nouveau-né et la maman étaient en bonne santé.

Le beurre d’arachide – Manba a

Le voyage fait découvrir beaucoup de nouvelles choses. Mais, quand on est loin de chez nous, il est parfois réconfortant de retrouver un petit goût « familier ». Pour moi, le beurre d’arachide d’Haïti, ou le « manba » était cela. Le mamba est vite devenu ma collation préférée, étalé délicatement sur un craquelin de cassave ou savouré à la cuillère. Quand notre chauffeur bien aimé, Ti-Joe, arrivait de la grande ville avec nos provisions pour le mois et un gros pot de mamba, c’était Noël.

Le marché – Mache a

À Mombin, presque tout est acheté et vendu au marché public. Bruyant et coloré, vous pouvez y retrouver tout ce que votre cœur désire. Au début, j’ai trouvé stressant de faire les commissions au marché. De plus, il n’y a pas de prix sur les produits, alors il fallait négocier. Certes un peu timide, j’ai souvent fini par payer le plein prix (ou peut-être même plus!). Cependant, je me suis donnée le défi de magasiner au marché, d’abord avec mes amis et ensuite toute seule. Des femmes du village nous ont invités à travailler avec elles et un matin j’étais vendeuse derrière un petit kiosque. J’ai même fini par vendre une paire de boucles d’oreilles!

La compréhension du voyage – Konprann vwayaj la

Une stagiaire (zanmi mwen) avait amené avec elle des cartes de chakras. De temps en temps on en tirait ensemble pour le fun, pour passer le temps ou pour inciter à la réflexion. Dans l’avion de retour vers le Québec, j’ai tiré par hasard la carte « la compréhension du voyage ». Elle n’aurait pas été plus parfaite. Pendant ce voyage j’ai appris et compris tellement de choses à propos de moi-même, mes valeurs, ma famille, mon chemin, ma vie. Avant tout, j’ai compris que l’aventure n’est pas finie et que cette expérience ne cessera jamais de m’apporter d’autres révélations dans le futur.