Dominic savaria – Stage Mali 2015

11 novembre 2016
par Dominic savaria

Ma montre sonne. Il est 5h30 du matin. Je retrouve tranquillement mes esprits. La nuit passée, même l’appel de la prière et le champ précoce des coqs n’ont pas troublé mon sommeil. Je suis en Afrique, au Mali. Après quelques jours passés à Bamako, notre groupe de dix stagiaires s’apprête à partir à Kénié Marka, un petit village situé en brousse à environ cinq heures de route de la capitale malienne.

Pour les prochains deux mois et demi, ce coin du Mali sera notre lieu d’accueil. Là, nous tenterons de sensibiliser la population locale tout en leur offrant différentes alternatives pour contrer les effets des changements climatiques. En effet, une saison des pluies écourtée ainsi qu’une saison sèche plus intense provoquent une situation précaire pour les villageois qui subviennent principalement à leurs besoins primaires grâce à l’agriculture.

À 6h, notre minibus arrive. Nous chargeons nos bagages et nous nous entassons comme nous le pouvons. Une légère sensation d’excitation se fait sentir parmi les stagiaires québécois. Voilà! Nous sommes partis. Les paysages défilent devant nous. Le climat aride offre une végétation semi-désertique. La verdure se fait rare, mais la présence de quelques arbres massifs demeure impressionnante. Ce décor peu familier attire beaucoup notre attention. Peu de mots s’échangent entre les stagiaires, laissant place à la contemplation face à tant de nouveauté. Notre passage dans quelques villes nous permet de prendre conscience de la pauvreté. Dès que notre minibus s’arrête ou ralentit, plusieurs personnes tentent de nous vendre de la nourriture, essayant dans la mesure de leurs moyens d’aller chercher un petit revenu. Quelques sourires se font aussi percevoir à la vue de notre groupe de « toubabous » (peaux blanches). Évidemment, notre présence attire l’attention et pique la curiosité des gens. Après quelques heures de route, je m’installe à l’arrière du minibus en compagnie des valises, tentant comme je peux de délier mes jambes. Je réussis à trouver une position confortable. La fatigue me gagne et mes paupières se ferment.

Le soleil plombant me sort de mon sommeil. Un vent léger provenant de la fenêtre me rafraîchit quelque peu. Pink Floyd joue dans mes oreilles. Mon regard s’arrête sur un baobab immense. Je suis au Mali! Je me sens bien. J’apprends que notre arrivée à Kénié Marka ne saurait tarder. Nous sommes rendus très loin dans la brousse. Les habitations que nous croisons, faites de terre, confirment que nous sommes loin du Québec et nous donnent un avant-goût de ce que nous allons vivre. Les gens qui nous aperçoivent nous saluent chaleureusement. Un mélange de nervosité, d’excitation et de curiosité s’empare de moi. J’ai hâte de rencontrer ma famille d’accueil et de briser la glace.

Ça y est! Notre minibus fait son entrée dans le village. Plusieurs enfants nous repèrent et partent en courant vers nous en poussant des cris de joie. Nous nous arrêtons peu de temps après et sortons l’un après l’autre. Aussitôt, une masse impressionnante d’enfants nous entoure. Plusieurs mains me touchent. Un peu plus loin, un groupe de femmes dansent au son d’une musique africaine, soulignant notre arrivée tant attendue. J’avance de quelques pas, ne sachant pas trop où me diriger ou quoi faire. Je suis complètement dépassée par les évènements. Cette situation semble tellement surréaliste. Les gens fêtent notre venue comme si nous étions des superstars. Un sentiment intense que je n’ai jamais vécu auparavant parcours tout mon corps. Je peine à retenir mes larmes face à l’émoi qui m’envahit. On nous invite finalement à rencontrer le chef du village et à nous asseoir. Les émotions s’apaisent quelque peu et je tente de retrouver ma concentration pour le discours du chef. Les mots à retenir: « Vous avez quitté chez vous pour arriver chez vous ». Je me dis dans ma tête que les prochaines semaines risquent d’être très spéciales et remplies de surprises. Chose certaine, cet accueil incroyable restera gravé dans ma mémoire à tout jamais.