Carl Chantigny-Côté – Stage environnement Pérou 2016

11 novembre 2016
par Carl Chantigny-Côté

Les gens partent en voyage pour vivre des expériences dont ils vont se rappeler toute leur vie. Ils partent en voyage pour différentes raisons. Que ce soit pour vivre des sensations fortes, pour se ressourcer, pour s’éloigner de la routine qui tue ou même pour développer sa vision du monde, toutes les raisons sont bonnes pour partir. 

Ainsi, pour marquer leur expérience et afin de la graver dans leur mémoire de façon durable, ces gens se trouvent une façon bien à eux de s’en rappeler. Soit par des photos, des vidéos, des souvenirs, ou même un tatouage. Cependant, pour ma part, je crois bien avoir trouvé LA meilleure façon de se rappeler de son voyage. Ce qui m’est arrivé le 7 février 2016 fut une manière bien à moi de faire en sorte de me rappeler de mon incroyable périple au Pérou.

J’ai voulu me démarquer un peu et y aller d’une façon un peu spéciale, question de m’en souvenir réellement toute ma vie.  J’ai «décidé» d’y aller avec le tatou. Oh, mais détrompez-vous, ce n’est pas de n’importe quel tatou dont je parle, mais plus le genre de tatou à 10 000 $ qui demande son lot de souffrance et de patience. Et quand je parle de souffrance, je ne parle pas de la petite aiguille qui gratte la peau, mais bien d’une clavicule fracturée en quatre différentes partie.

«À quoi diable as-tu pensé?», vous entendant déjà de façon beaucoup moins sceptique, mais beaucoup plus curieuse. À rien justement. Me retrouvant devant une pente abrupte sur une dune du désert situé à proximité de Huacachina, à Ica, avec une planche à glisser à mes pieds sans aucune peur, je pensais à rien. Je ne croyais pas vraiment que ça pouvait être un peu dangereux. Bon, c’était ma première descente à vie sur une planche que ce soit sur le sable ou la neige, mais ça, c’est un détail. Mais voilà, j’ai décidé de me lancer connaissant très bien mon inexpérience dans ce genre d’activité. Vous me trouvez peut-être un peu fou et à la limite stupide, mais j’ai une petite tendance à vivre à fond tout ce que je fais et ce, sans peur. Faut croire que la vie m’a lancé un petit message me disant de me calmer un peu, quitte à avoir un peu moins de plaisir tout  en restant en un seul morceau.

Je me rappelle un peu comment mon accident s’est produit. N’ayant aucune expérience, j’ai carrément descendu en ligne droite. Ceci m’a permis d’atteindre une vitesse assez incroyable. Cependant, ma planche a piqué vers l’avant et bon, vous pouvez imaginer la suite. Je me rappelle avoir vu rouge pendant une fraction de seconde. Probablement le moment où ma clavicule s’est fracturée en multiples morceaux. Après avoir essayé de me relever et avoir senti une douleur perçante à l’épaule, j’ai su que quelque chose clochait. Ma réaction? Je riais aux éclats en même temps que de crier de douleur. Je ne pouvais pas croire que je m’étais cassé un os en plein milieu du désert au Pérou.

La suite des choses fut un peu plus malheureuse et elle a mis mon accompagnatrice Anna et moi à très rude épreuve. Pouvez-vous croire que je me suis promené dans les rues de Lima avec une clavicule fracturée pendant presque une semaine complète sans traitement? Il est plus difficile dans un pays étranger d’avoir l’aide nécessaire. La possibilité d’un retour au Québec pour une opération commençait à être envisagée et je commençais à vraiment désespérer. Il était hors de question pour moi de retourner au Canada. Je ne voulais pas me rappeler de mon voyage comme d’une défaite, comme d’un gaspillage. Je voulais absolument être opéré pour m’assurer d’avoir ma force et ma mobilité d’avant, mais il devenait difficile de trouver un endroit de confiance au Pérou. Heureusement, après quelques jours, plusieurs essais de traitements différents sans résultat et beaucoup de souffrance, les assurances ont décidé de se mettre de la partie, ainsi que l’Université de Sherbrooke (un merci spécial à Annie Ménard, coordinatrice de stage pour l’université. Sans elle mon voyage aurait pu être terminé bien en avance).

Je vous décris pas le soulagement que nous avons eu quand nous avons appris que j’allais être opéré à la Clinica Anglo Américano à Miraflores. Pour la première fois, l’endroit m’avait mis en confiance totale et j’étais prêt à laisser les chirurgiens me mettre une plaque avec quelques vis pour recoller le tout. La clinique en question n’a pas perdu de temps. Après deux jours seulement de prises de rendez-vous et de tests pré-opération, la date et l’heure de mon opération étaient officielles : le 12 février à 10h00 sur la table d’opération. J’avais très hâte à cette journée. Étant une personne très curieuse, je posais beaucoup de questions au docteur et à l’anesthésiste, même quand je commençais à perdre conscience à cause de l’anesthésie. La dernière chose que je me rappelle avoir faite avant de perdre la boule complètement, c’est un «fist bump» au docteur. Il a ri un peu et puis «pouf», plus rien. La suite des choses fut très positive. Anna étant soulagée, elle a pu commencer à respirer un peu et moi à récupérer. Le personnel de la clinique fut très serviable et gentil.

Depuis ce jour, je guéris à une très grande vitesse. Déjà après quelques jours, je ne voulais plus porter mon atèle et je pouvais marcher normalement. Jour après jour j’avais moins mal et aujourd’hui, après deux semaines, c’est comme si je n’avais presque rien. Seulement une petite douleur à mes tacs (J’ai eu le droit à douze belles tacs à la Frankenstein) et je ne dois pas lever mon bras a plus de 90° par mesure de précaution. À mon retour au Québec, je vais devoir faire un peu de physiothérapie, question d’adapter Blanche-Neige et ses sept nains à mon corps et de pouvoir bouger comme avant! (Petit nom donné à ma plaque et mes sept vis…faut pas me juger, je vais quand même passer le reste de ma vie avec eux!)

Sur ce, me croyez-vous maintenant quand je dis avoir trouvé la meilleure façon de se rappeler d’un voyage?