Magalie Gauthier – Stage Pérou 2016

11 novembre 2016
par Magalie Gauthier

Déjà un mois,

un mois que je suis de retour au Québec. Dans mon Québec. Cette province où j’ai grandi me semble bien différente. Pourtant, ce n’est pas ma terre natale qui a changé, bien au contraire…

J’ai fait trois ans de baccalauréat en Études internationales. Un programme très intéressant, avec toutes les philosophies et théories politiques, tous les postulats du droit international. On en sort gonflés à bloc! Prêts à tout. Ban Ki-moon, tenez-vous bien, j’arrive!

C’était donc plus que normal d’aller faire un stage à l’international en coopération. Passer de la théorie à la pratique. Faire quelque chose de réel qui me permettrait de me sentir utile. Je suis donc sélectionnée par le Carrefour de solidarité internationale. Un stage de trois mois au Pérou pour favoriser l’autonomie financière des femmes. Wow! Je suis emballée, mais inquiète. Je laisse pour quelques temps mon copain, ma famille, mes amis et, pire, mon chien! Je me dis que trois mois c’est comme un clignement des yeux, on ne voit pas le temps passer.

Après plus ou moins sept mois de préparation, nous décollons pour l’Amérique latine. Le Pérou est complètement différent de ce que j’ai connu dans ma vie. Je suis accueillie dans une famille qui me démontre automatiquement tout son amour et qui, sans avoir à le dire, me fait savoir que j’en fais partie.

On se rend vite compte qu’une fois que nous faisons face à des situations ou un contexte qui sort de l’habituel, le meilleur comme le pire en chacun peut ressortir. L’idéal  auquel nous pensions faire face est bien différent. Mais même dans les pires situations, lorsque l’on croit que ça y est, qu’on n’en peut plus, qu’on plie bagages (maman vient me chercher), on finit par trouver son conte de fée. Moi en tout cas, j’ai trouvé le mien.

Comme expliqué plus haut, j’avais réellement les meilleures intentions du monde pour débuter ce stage. Par contre, il est important de savoir que dans ce genre de stage, rien n’est fixé dans le béton. Les mandats seront flous, les objectifs demandés seront flous, même les conditions dans les familles seront floues. Il faut donc savoir que notre capacité d’adaptation sera sollicitée et mise à l’épreuve. Oui, vous tomberez malade. Pour moi, mon enfer fut en fait les moustiques…

Mais comme je l’ai mentionné, dans le pire on trouve également le meilleur. Mon conte de fée fut les rencontres que j’ai eu la chance de faire. J’en nommerai deux dans ce texte.

La première, ma mère de famille. Une femme formidable qui, malgré toutes les épreuves qui ont bien pu lui arriver, reste une personne forte avec la volonté de donner de l’amour aux gens qui l’entourent. Je me rappelle une de ces soirées où je me sentais un peu à terre. Je venais de finir de préparer un atelier sur la violence conjugale. Ma mère, qui s’intéressait à mes tâches, me posa plusieurs questions sur les différences entre la perception canadienne et péruvienne. Elle commença par la suite à me raconter son récit. Une histoire digne d’un film, triste et difficile. Le genre d’histoire qui vous arrache le coeur. MAIS. Le fait qu’elle s’ouvre à moi, qu’elle me parle et que l’on pleure dans les bras l’une de l’autre, fut une expérience si tendre, dans un pays où si loin de nos proches on manque d’amour. À ce moment, un lien et une relation de confiance furent créés. Je la vois encore tenter de rentrer dans ma chambre lorsque je dormais pour essayer de me voler mon sac de linge sale afin de faire mon lavage. Elle et mon père ont vraiment tout fait pour nous rendre heureux et je leur en serai toujours reconnaissante.

Ma deuxième rencontre concerne en fait les quatre femmes de ma vie. Ces quatre femmes faisaient partie du groupe avec lequel j’ai fait le stage. Tous ceux qui ont déjà voyagé en groupe savent qu’on ne peut pas s’entendre avec tout le monde. C’est un phénomène normal. Pourtant, ces jeunes femmes c’est comme si je les avais connues toute ma vie. Nous avons ri ensemble. Nous avons pleuré ensemble. Nous avons “pété des coches” ensemble. C’est cet ensemble qui était notre force. Tous les matins, je me réveillais et je voyais ma meilleure amie de voyage et je savais que ma journée, malgré tout ce qui pouvait arriver, allait bien se dérouler car nous étions là l’une pour l’autre. Lorsqu’il y avait des tensions, il ne nous fallait que quelques minutes de marche et nous étions toutes les quatre réunies. Quoi de mieux qu’une crème glacée saveur de fruit de la passion pour nous faire sentir mieux?

Au final, la coopération, c’est une montagne russe d’émotions avec les plus belles rencontres que l’on peut faire dans une vie. Avant de partir, tout le monde me disait, “ne t’attends pas à changer le monde”. Ce n’est pas vrai. Les petites traces, les petites graines semées feront leur chemin, cela j’en suis certaine. Plus encore, un voyage de coopération a changé mon monde et ça, c’est le plus beau cadeau que l’on peut se faire.

Au final, la coopération, c’est une montagne russe d’émotions avec les plus belles rencontres que l’on peut faire dans une vie.

Mon dernier conseil, si vous êtes sélectionnée pour un stage de coopération, ne sous-estimez pas les formations qui vous seront données. On croit souvent que c’est inutile, beaucoup de blabla, etc. Des informations que l’on croit évidentes. Malheureusement, on voit plusieurs personnes qui, une fois arrivées dans le pays d’échange, oublient complètement ces informations avec les conséquences qui peuvent s’en suivre. Pensez-y bien et respectez votre prochain.

Sur ce,

Salud y buena suerte a todos.