La légende du Gringo Azul

10 mars 2015

Je connais notre partenaire Ayni Desarrollo depuis 1990 alors que, backpacker, je me suis retrouvé au Pérou. J’y ai rencontré des coopérants québécois qui m’ont introduit à l’équipe d’Ayni dans le district de Comas. Ayant émigré au Québec suite à mon voyage, je me suis impliqué dans un organisme membre du CSI, le Rallye-Tiers-Monde Estrie. L’organisme faisait des animations sur la solidarité internationale dans les écoles de l’Estrie et amenait les jeunes à participer à un Rallye vélo pour la solidarité. Grâce aux fonds amassés, le Rallye Tiers-Monde Estrie pouvait appuyer des projets comme celui d’Ayni Desarrollo dans le district de Comas.

En amont du financement, nous avons pu créer un pont entre Ayni Desarrollo et la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke, qui cherchait des lieux de stages internationaux pour ses étudiants. Il faut dire qu’Ayni Desarrollo se nommait alors  Ayni Salud (santé), que ses actions étaient dirigées vers la promotion de la santé et que son directeur était (et est encore) un médecin. Des conditions parfaites pour ce type d’échange!

C’est lors d’un de ces stages qu’est survenu un événement troublant…

Un jour, un des étudiants en médecine, un grand gaillard (il était grand au Québec, imaginez donc au Pérou!), est revenu d’un périple dans les Andes péruviennes et a sollicité une consultation à Alberto, le directeur d’Ayni.  Il se plaignait d’un mal de tête persistant et présentait sur son buste et ses bras d’inhabituelles marbrures bleutées. Très intrigué par cette pathologie pour le moins étrange, Alberto s’est plongé dans ses livres de médecine dans l’espoir de dénicher un quelconque indice sur l’origine de ce mal étrange. Après plusieurs heures de recherche infructueuse, il jette l’éponge et se décide à contacter des collègues spécialisés qui pourraient identifier l’oiseau rare.

Direction l’hôpital!

Notre grand gaillard commence à flipper et tombe même dans les pommes! Nouvelle donnée à rajouter au diagnostic! Mais qu’est-ce donc que cette bibitte bleue ?  Divers spécialistes se bousculent alors pour voir de visu « Le Cas », faire partie de ceux qui y étaient…  Mais personne ne semble avoir un avis éclairé sur la question. Prise de sang! Les analyses sanguines vont peut-être révéler l’origine de cette énigme quasi sphynxtère!

… L’infirmière s’approche donc avec sa seringue et ses tubes, frotte le bras avec de l’alcool et commence la succion. Alberto, qui tient toujours le fort malgré un grand désappointement, remarque alors quelque chose de suspect…. Le coton d’ouate est imbibé de bleu!?  Ses neurones s’entrechoquent alors telles des autos-tamponneuses et, tel Archimède dans son bain, il s’écrit « EUREKA »!
Il prend un coton d’ouate avec de l’alcool et le frotte sur la peau du futur médecin québécois et… le miracle se reproduit, le bleu disparaît de la peau comme par magie. Il a enfin trouvé le remède à ce mal téméraire : une bonne douche! Trois jours sans se laver avec sur lui une chompa (chandail péruvien) aux teintures bleutées ainsi qu’un bon coquetel de transpiration et de pluie auront suffit à faire naître ce mal étrange.

Au Pérou, les médecins racontent encore la légende du « Gringo Azul ».  Morale de l’histoire, une bonne douche, ça ne peut faire que du bien!